Burkina Faso
Rapport du CNDD sur le Developpement Durable
1. Bref
aperçu du contexte du développement durable
A. Situations
Le Burkina, qui couvre
une superficie de 274 000 km², présente une population estimée
en 1996 à près de 10,5 millions d'habitants (5,6 millions
en 1975) dont plus de 80 % tirent leurs revenus du secteur rural.
Avec un taux global
de croissance de 2,64% et une densité moyenne de la population de
38%, le Burkina Faso fait partie du groupe des pays dits sahéliens
où la majorité de la population continue de vivre dans une
pauvreté presque absolue, privée de conditions de vie décente
et ne disposant pas en quantité suffisante de nécessités
aussi vitales que la nourriture, l'eau, les soins sanitaires, le logement,
l'éducation, l'emploi.
En effet, les indicateurs
humains font état d'une situation socio-économique difficile
: espérance de vie à la naissance de 52 ans, couverture sanitaire
estimée à 50 % accès à l'eau potable pour 46
%, taux brut de scolarisation de 38 % en 1996, taux d'alphabétisation
de 22 % en 1994. Le niveau de développement humain dans le secteur
rural est très faible ; il est inférieur respectivement de
20 % et 56 % par rapport au niveau national et au milieu urbain. Ces disparités
se retrouvent également entre les hommes et les femmes. Si l'on réfère
aux données sur les revenus, environ 55 % de la population vit en
dessous de seuil de pauvreté estimée à 420 $ par personne
par an.
Sur le plan économique,
après une nette avancée, de 1982 à 1987, marquée
par un taux de croissance du PIB d'environ 4,5 % par an, le PIB par habitant
a reculé de 9 % en termes réels entre 1988 et 1994. En 1995,
le PIB par habitant par an était estimé à moins de
250 $ et la part du secteur primaire dans la formation du PIB atteignait
40 % en 1996. La dette extérieure dépassait 39 % du produit
national brut en 1993 évalué en 1992 à 310 $ par habitant.
Dans une telle situation,
si l'on admet que l'environnement est la masse des ressources physiques
et sociales disponibles à un moment donné pour la satisfaction
des besoins humains, et que le développement est le processus poursuivi
par tous en vue d'augmenter le bien-être des êtres humains,
on est amené à se convaincre, que le but ultime des politiques
en matière d'environnement et de développement est l'amélioration
de la qualité de vie en commençant par la satisfaction des
besoins essentiels de l'homme sans détruire l'environnement.
En effet, la pauvreté
absolue à grande échelle des populations engendre des types
de comportements humains préjudiciables à l'environnement
notamment l'accentuation de la pression sur les ressources naturelles (eau,
sol, végétation) et partant du processus de désertification.
Le rapport 1992 de la Banque Mondiale estime à 800 km² le niveau
de déboisement annuel au Burkina Faso entre 1981 et 1985.
Sur le plan politique,
le pays s'est engagé depuis 1991 dans la voie de la démocratisation.
Il s'est doté de nouvelles institutions démocratiques dont
les dernières en date sont les conseils municipaux élus en
février 1995 et la Chambre des Représentants.
B. Les principales
activités réalisées en faveur du développement
durable et de l'environnement
1. Relecture du Plan
d'Action National pour l'Environnement
La Conférence
de Rio sur l'Environnement et le Développement a apporté une
vision nouvelle dans la conception des stratégies de développement.
C'est pourquoi dans l'objectif d'intégrer harmonieusement les préoccupations
de la gestion de l'environnement dans les politiques de développement,
le Burkina Faso a procédé à une révision de
sa politique en matière d'environnement, définie à
travers le Plan d'Action National pour l'Environnement (PANE). Le PANE s'intègre
dans le Plan d'Action National de Développement Economique et Social
(PNDES).
Cette révision
intervenue en 1993-94 a permis d'adapter le PANE aux réalités
nationales, notamment les questions liées à la décentralisation
et de prendre en compte les conclusions du Sommet de Rio et des autres engagements
pris dans le domaine de l'environnement. Depuis lors, les activités
en matière d'environnement et de développement s'inscrivent
dans le cadre logique du plan révisé, qui est appelé
à être périodiquement revu.
2. La convention sur
la diversité biologique
Cette convention a été
ratifiée par notre pays le 2 septembre 1993 en vue d'une participation
élargie au processus, des ateliers d'information ont été
organisés dans toutes les provinces à l'attention des responsables
nationaux, des ONG et des partenaires au développement, pour expliquer
l'importance des ressources biologiques pour l'homme et recueillir les avis
quant à la gestion concertée et durable de ces ressources.
La collecte d'information
et la définition de priorités d'action dans des domaines identifiés
ont servi à l'élaboration de la monographie nationale sur
la diversité biologique dont le document a été amendé
par des ateliers régionaux décentralisés et un atelier
national de validation. Le document de base est déjà finalisé,
tandis que les annexes sont en cours de finalisation. L'ensemble sera soumis
en décembre 1998 au gouvernement pour adoption.
Le processus d'élaboration
de la stratégie nationale et des plans de gestion de la diversité
se fait sur la base d'une démarche participative et concertée.
Ainsi, 10 ateliers régionaux de planification ont été
organisés et les stratégies régionales et les plans
d'action y relatifs seront intégrés dans la stratégie
nationale et le plan d'action de la diversité biologique qui fait
partie intégrante du PANE.
3. La convention sur
la lutte contre la désertification (CCD)
Le Burkina Faso a ratifié
la Convention Internationale sur la Lutte contre la Désertification
le 26 janvier 1996.
Le processus de mise
en œuvre de cette convention comporte trois grandes étapes : la préparation
du premier forum, l'élaboration et l'adoption du Programme d'Action
National (PAN), la mise en œuvre et le suivi-évaluation du PAN.
Pour la première
étape, une méthodologie, basée essentiellement sur
l'information et la sensibilisation des acteurs, leur organisation ainsi
que sur une série de consultations menées auprès d'eux,
a permis l'organisation de la première session du Forum National
en juillet 1997 qui a donné l'occasion aux principaux acteurs d'échanger
leurs points de vue sur le processus de préparation et de mise en
œuvre du PAN en se basant sur leurs réalités, leurs expériences
et leurs moyens respectifs.
Les conclusions de ce
forum ont permis de programmer la deuxième phase du processus. Pour
sa mise en œuvre, une stratégie méthodologique a été
élaborée sur la base d'objectifs spécifiques à
mettre en œuvre pour atteindre l'objectif final qui est l'élaboration
et l'adoption participative du Programme d'Action National de lutte contre
la Désertification (PAN) ainsi que de ces principaux outils de mise
en œuvre d'indicateurs de suivi-évaluation, Fonds National de lutte
contre la Désertification, stratégie de communication. En
vue de la préparation de la 2è session du forum national qui
doit valider le PAN, des actions sont menées ou sont en cours.
Dans sa conception,
le PAN est un document de référence qui s'intègre dans
le Plan d'Action National pour l'Environnement.
4. La convention cadre
sur les changements climatiques
Le Burkina Faso a ratifié
la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques le
2 septembre 1993. Suite à cet acte, un comité interministériel
de mise en œuvre des actions de la convention a été créé
et est fonctionnel depuis 1995.
Au titre des activités,
le comité a eu à inventorier avec l'appui financier de la
Coopération Danoise, les sources d'émissions et puits d'absorption
des gaz à effet de serre au Burkina Faso. Le rapport vient d'être
validé par un atelier national en janvier 1997.
5. Le processus de
décentralisation
Le processus en cours
constitue un aménagement institutionnel important dans le processus
de développement durable. Il a pour objectifs (i) le renforcement
des capacités locales en matière d'utilisation durable des
terres ; (ii) le renforcement et l'amélioration de la participation
des communautés locales ou des différents groupes cibles aux
programmes et projets de développement et de gestion de l'environnement
urbain et rural.
Conformément
à l'esprit de cette décentralisation et au souci d'une adaptation
des textes législatifs et réglementaires aux réalités
de terrain en vue d'une participation effective de toutes les couches socio-professionnelles
à la gestion des ressources naturelles, il a été procédé
à la révision concertée d'un certain nombre de ces
textes et l'élaboration d'autres. Ces mesures ont porté sur
:
- La loi portant réorganisation
agraire et foncière (RAF) en 1995.
- Le code de l'environnement
ADOPT2 LE 30 janvier 1997 et promulgué le 17 mars 1997.
- Le code forestier
adopté le 31 janvier 1997 et promulgué le 17 mars 1997.
6. Le protocole de
Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d'ozone
ratifié le 1 janvier 1989.
7. Les six engagements
L'attention politique
accordée par la constitution (1.2) à l'environnement s'est
traduite en terme d'actions par l'institution le 2 juin 1994, des six engagements
pour un développement social et économique durable. Ces engagements
sont :
- la sauvegarde de
l'environnement e la lutte contre la désertification ;
- l'accroissement
de la production agro-pastorale ;
- l'organisation et
l'appui au secteur informel et à l'artisanat ;
- le développement
du réseau des petites et moyennes entreprises et des petites et
moyennes industries ;
- le soutien aux activités
productrices des femmes ;
- l'élévation
du niveau général des connaissances à la base et
le développement du sport et des activités culturelles.
8. Le développement
humain durable
L'évaluation
des capacités institutionnelles actuelles révèle que
l'efficacité de la gestion de l'économie reste encore limitée.
La lettre d'intention
de politique de développement humain durable a été
élaborée afin de combler cette lacune. Elle vise à
contribuer au centrage du développement du pays sur le concept de
sécurité humaine permettant d'accéder à :
- la sécurité
économique : l'accès à un emploi rémunérateur
;
- la sécurité
sanitaire : accès à moindre coût aux soins médicaux
préventifs et curatifs ;
- la sécurité
alimentaire : accès à une alimentation de base y compris
l'eau ;
- la sécurité
environnementale : liée à la préservation d'un environnement
sain ;
- la sécurité
individuelle et politique.
Cette politique se situe
dans une perspective décennale à compter de 1996.
9. Les stratégies
sectorielles
-
Dans le domaine
de l'agriculture et de l'élevage
La Lettre de Politique
de Développement Agricole Durable (LPDAD) (juillet 1996) se veut
être une reformulation plus cohérente de la politique de
développement agricole de 1992 pour mieux intégrer les aspects
de réformes institutionnelles et économiques, de développement
durable, de façon à assurer une adéquation entre
agriculture, environnement et population.
A travers ces objectifs,
la LPDAD prend en compte les engagements pris par le Burkina Faso pendant
la conférence de Rio et ceux dégagés par le Gouvernement,
notamment les six engagements de juin 1994.
-
Dans le domaine
de l'eau
La maîtrise
de l'eau au Burkina Faso s'impose comme l'une des conditions de base du
développement économique et sociale et de l'amélioration
de la santé des populations. Pour ce faire, la politique de l'eau
s'appuie sur une meilleure connaissance des ressources en eau, dont l'exploitation
tient compte des priorités suivantes : boisson et besoins domestiques
; hydraulique agricole et pastorale ; développement de ressources
énergétiques ; pêche ; industrie.
-
Dans le domaine
des forêts
L'objectif essentiel
de la politique forestière est de contribuer à la lutte
contre la désertification, à l'atteinte de l'auto-suffisance
alimentaire et à la satisfaction des besoins nationaux en énergie,
bois de service et bois d'œuvre.
Les options retenues
sont : la réduction de façon significative du déséquilibre
entre l'offre et la demande en bois-énergie ; la réhabilitation
des forêts dégradées ; l'amélioration du cadre
de vie.
-
Dans le domaine
de la faune sauvage
Les options concernent
: le renforcement du tourisme cynégétique ; le renforcement
de la protection des ressources cynégétiques et de la diversité
biologique ; la promotion du ranching ; l'apport de protéines animales
aux populations.
-
Dans le domaine
des ressources halieutiques
Les options retenues
sont entre autres : l'augmentation de la production nationale ; la protection/conservation
des écosystèmes aquatiques ; la promotion de la consommation
du poisson.
-
Dans le domaine
de l'habitat
Le Burkina Faso comptait
en 1991, 9.190.179 habitants. Cette population est passée à
10,5 millions d'habitants en 1996. Le taux d'urbanisation est passé
successivement de 6,4 % en 1975 à 12,7 % en 1985, puis à
14 % en 1991. Il atteindra 24 % en l'an 2010. La population urbaine qui
était de 1.287 ?285 habitants en 1991 passera à 1.913.000
habitants en l'an 2000 (MTPHU, 1995).
La problématique
de l'habitat a été largement pris en compte par la Réorganisation
Agraire et Foncière de 1985. Ainsi, il est prévu dans le
cadre du schéma national d'aménagement, des schémas
directeurs d'aménagement urbain.
-
Dans le domaine
de l'assainissement/amélioration du cadre de vie
Le Burkina Faso a
adopté en janvier 1996, sa politique nationale d'assainissement
dont les principes directeurs sont entre autres : l'implication de toutes
les couches sociales au processus de planification et le renforcement
de leurs capacités d'intervention ; le partage de responsabilité
de gestion dans les arrangements institutionnels entre les administrations,
le secteur privé, les ONG et les communautés de base ; la
prise en compte de l'assainissement dans les politiques et stratégies
de développement .
Au niveau des actions
à mener, l'on retiendra outre les mécanismes de partenariat
à mettre en place, les domaines concernés qui sont les eaux
domestiques et les excréta, les eaux pluviales, les déchets
solides municipaux, les déchets industriels, hospitaliers et toxiques
et la recherche de technologies appropriées.
-
Dans le domaine
des transports
Au regard de l'importance
stratégique des transports, le Burkina Faso a entrepris de définir
les stratégies à adopter afin de créer des conditions
de participation du secteur à la relance du développement
économique du pays. Le programme d'ajustement structurel des transports
vise à mettre en état et à entretenir l'infrastructure
essentielle existante et à améliorer l'efficacité
du secteur par le renforcement des structures et la restructuration des
entreprises publiques du secteur.
En vue de faciliter
la participation du privé à la réalisation du programme,
des mesures spécifiques ont été mises en place permettant
ainsi d'alléger les procédures de passation et de liquidation
des marchés. Ainsi, la participation du secteur privé aux
travaux d'entretien courant des routes est passée de 73 % en 1993
à 81 % en 1994.
-
Dans le domaine
de l'énergie
En 1992, la consommation
énergétique du Burkina Faso s'élevait à environnement
1,7 millions de TEP répartis comme suit :
- énergies
traditionelles |
91% |
- hydrocarbures |
8% |
-electricité |
1% |
Comme on peut le constater,
la prédominance actuelle des énergies traditionnelles présage
que ces types d'énergies continueront à tenir pendant longtemps
une place importante dans le bilan énergétique du pays, cela
entraîne une pression continuelle sur les ressources ligneuses rendant
alors difficile la conservation de l'équilibre écologique,
déjà fragilisé par la désertification persistante
et la sécheresse. C'est pourquoi la politique forestière définit
des options pour une satisfaction des besoins en énergie et la lutte
contre la désertification.
10. L'éducation
environnementale
Dans le domaine de l'éducation
environnementale informelle et formelle, des programmes ont été
initiés parmi lesquels l'on peut retenir : l'institution de l'éducation
environnementale au niveau des enseignements primaire, secondaire, supérieur
et technique, le Programme de Formation et d'Information sur l'Environnement
(PFIE) initié par le CILSS et destiné aux écoles primaires,
etc…. En vue d'harmoniser toutes ces initiatives, une commission nationale
a été mandatée pour réfléchir sur les
outils à concevoir dans le domaine de l' éducation environnementale.
11. Facteurs favorables
à la participation de la société civile au développement
durable
Sur le plan politique,
la constitution consacre la nécessité d'accorder une attention
de haut niveau à la gestion rationnelle de l'environnement et garantit
la liberté d'association et la liberté d'entreprise. Les deux
dispositions constituent des atouts majeurs pour le développement
d'initiatives en faveur de l'environnement et du développement.
La décentralisation
en cours est un système d'organisation de l'Etat qui peut se définir
comme un processus participatif permettant aux collectivités décentralisées
de cheminer vers une société de progrès (CND, 1995).
Ce processus constitue un aménagement institutionnel important dans
le processus global de développement durable.
Le concept de développement
participatif a toujours constitué depuis l'avènement des plans
de développement un des fers de lance des efforts de développement
du pays. C'est ainsi qu'au travers des divers plans quinquennaux qu'a connus
le pays, il a toujours été fait appel à la responsabilité
des communautés de base dans le libre choix et la réalisation
des actions de développement à la base.
A l'appui de cette tradition
de développement participatif, un fort mouvement associatif qui tire
également ses origines traditionnelles, a émergé et
a connu une forte expansion. Les ONG, dont le nombre a considérablement
augmenté suite à la grande sécheresse du début
des années 70, ont fortement contribué à l'enracinement
du concept. Celles-ci, au nombre de 200 environ, sont organisées
en collectifs.
Au niveau légal
et juridique, les associations reconnues d'utilité publique bénéficient
d'un statut privilégié avec des avantages et des obligations
spécifiques définis par une loi. Les sociétés
coopératives et précoopératives sont régies
également par un décret présidentiel. Par ailleurs,
le gouvernement a mis en place en 1984 un Bureau de Suivi des ONG (BSONG)
chargé, du suivi des conventions-cadre liant l'Etat et les ONG.
Le secteur privé
qui fournit environ 10 % de l'emploi non agricole est largement dominé
par les micro-entreprises et les activités informelles. Celles-ci
ont connu un boom remarquable depuis le début des années 80
dans la foule de la crise économique qui frappait alors le secteur
moderne. Son histoire est toutefois intimement liée aux traditions
artisanales du pays dont le potentiel riche et varié est encore largement
sous-exploité.
Le dernier recensement
de 1985 indique l'existence de 230 entreprises modernes (petites et moyennes)
et 90.000 micro-entreprises. L'ensemble de ces entreprises emploie près
de 260.000 personnes soit 6 % de la population active. Le secteur informel
produit près de 30 % du PIB et fournit 60 % des emplois urbains.
Le tissu industriel est encore embryonnaire, limité à quelques
unités de transformation localisées essentiellement à
Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Mais des faiblesses sont constatées
au niveau de ce secteur privé.
2.0. Vue
d'ensemble de l'expérience du CONAGESE
2.1. Mandat d'exécution
ou légal
Les questions environnementales
constituent une préoccupation essentielle dans les politiques de
développement des pays sahéliens. Face à cette situation,
le Burkina Faso a engagé depuis plus d'une vingtaine d'années,
des actions en faveur de la gestion rationnelle des ressources naturelles
renouvelables.
Depuis 1976, la politique
environnementale du Burkina n'a cessé d'évoluer en tentant
de s'adapter au contexte socio-économique du pays et aux directives
de la communauté internationale. Ainsi, de grands programmes et projets
en faveur de la gestion des ressources environnementales ont vu le jour
dont : le Plan National de Lutte Contre la Désertification (PNLCD)
adopté en 1986. Un Comité National de Lutte Contre la Désertification
(CNLCD) a été mis en place pour la coordination de sa mise
en œuvre.
Le bilan de l'ensemble
des actions menées, fait en 1992 a ressorti des insuffisances qui
ont conduit à l'élaboration du Plan d'Action National pour
l'Environnement avec la mise en place du Secrétariat Permanent du
PANE.
En 1995 fut créé
le Ministère de l'Environnement et de l'Eau et dans le cadre de cette
organisation, a vu le jour le Conseil National pour la Gestion de l'Environnement
(CONAGESE). Le CONAGESE est un cadre de concertation, d'orientation et de
suivi de la politique environnementale. Les textes officiels ont été
adoptés en juillet 1998.
Le CONAGESE est chargé
des missions suivantes : (i) favoriser la concertation entre les différents
acteurs intervenant dans le domaine de l'environnement et de la gestion
des ressources naturelles ; (ii) veiller à l'harmonisation des actions
relatives à la gestion de l'environnement ; (iii) promouvoir la participation
des populations à l'évaluation et à la mise en œuvre
des politiques, plans et programmes en matière environnementale ;
(iv) assurer le suivi de la mise en œuvre des politiques et de la législation
relatives à l'environnement.
2.2. L'organisation
et le fonctionnement du CONAGESE
Le CONAGESE est constitué
de deux organes : la Conférence ; le Secrétariat Permanent.
La Conférence
La conférence
du CONAGESE est un organe consultatif. Elle fait des propositions et formule
des recommandations sur les dossiers qui lui sont soumis par le gouvernement.
Elle peut se saisir
de toute question qu'elle juge pertinente en vue d'émettre un avis
au gouvernement. La conférence du CONAGESE est composée d'un
bureau et de membres :
Le bureau de la Conférence
comprend :
Un Président |
|
le Premier Ministre |
Un premier vice
président |
|
le Ministre chargé
de l'Environnement |
Un deuxième
vice président |
|
le Ministre chargé
de l'Industrie |
Un troisième
vice président |
|
le Ministre chargé
des Finances |
Un quatrième
vice président |
|
le Ministre chargé
de l'Agriculture |
Un Secrétaire |
|
le Secrétaire
Permanent du CONAGESE |
Un premier rapporteur |
|
le Directeur National
chargé de l'Urbanisme |
Un deuxième
rapporteur |
|
le Directeur National
chargé des Mines |
Un troisième
rapporteur |
|
le Directeur National
chargé de l'Hydraulique |
Un quatrième
rapporteur |
|
le Directeur National
chargé des ressources naturelles |
Sont membres de la Conférence
: les représentants des départements ministériels et
des Institutions impliqués dans la gestion de l'environnement ; les
représentants de la société civile, notamment les ONG,
association de protection de l'environnement, syndicats ;les représentants
de la chefferie coutumière et des communautés religieuses
; les représentants du secteur privé ; toute personne désignée
en fonction de ses compétences.
Le Secrétariat
Permanent
Le Secrétariat
Permanent est un organe d'animation et de suivi des activités du
CONAGESE, doté de compétences interdisciplinaires et placé
sous la tutelle du Ministère chargé de l'Environnement.
Le Secrétariat
Permanent est chargé : (i) d'assurer la circulation de l'information
et d'organiser les échanges nécessaires entre les différents
intervenants ; (ii) de prendre les initiatives nécessaires à
l'instauration d'une cohérence dans les démarches relatives
à l'action environnementale et dans la mise en œuvre des plans et
programmes environnementaux ; (iii) de favoriser de l'implication effective
des populations dans la gestion de l'environnement ; (iv) d'assurer la capitalisation
et la valorisation des acquis résultant des expériences accumulées
en matière de gestion de l'environnement.
Le Secrétaire
Permanent est animé par : Un Secrétaire Permanent ; un Coordinateur
; des Chefs de Divisions.
Le Secrétariat
Permanent est placé sous la responsabilité d'un Secrétaire
Permanent nommé en Conseil des Ministres sur proposition du Ministre
chargé de l'Environnement.
Le Secrétariat
Permanent est assisté d'un comité d'experts appelé
comité technique, chargé d'étudier toute question spécialisée
que lui soumettrait le secrétariat permanent.
Au niveau décentralisé
(régional, provincial, départemental, villageois), il est
prévu l'utilisation des Cadres de Concertations Techniques Provinciaux
existant comme cadre unique de concertation-coordination favorisant la participation
des populations, de la société civile, des partenaires de
coopération et de l'Etat aux différents niveaux de développement.
Ils seront organisés en commissions thématiques.
2.3. Etendue de
la participation des détenteurs d'enjeux multiples
La Conférence
du CONAGESE qui regroupe les différents détenteurs d'enjeux
et prévue pour se réunir une fois l'an sera fonctionnelle
à partir de 1999.
Néanmoins les
différents comités spécialisés mis en place
dans le cadre notamment des conventions sur la diversité biologique,
les changements climatiques et la lutte contre la désertification
ainsi que de la législation environnementale connaissent une participation
effective des différents détenteurs d'enjeux aux réunions
périodiques qui sont organisées.
Des consultations par
catégorie d'acteurs sont menées afin de dégager les
préoccupations de chaque groupe avant les réunions du CONAGESE.
A titre d'exemple, on peut citer la préparation du forum national
sur la lutte contre la désertification.
2.4. Contribution
significative à l'Agenda 21 et à la durabilité sur le
plan local et national
Suite à la CNUED
en 1992, le Plan d'Action National pour l'Environnement (PANE), adopté
et mise en œuvre depuis 1991 a été relu en juillet 1993 pour
prendre en compte non seulement les principes énoncés dans
les déclarations de RIO, notamment les aspects liés à
la coopération internationale, au développement durable, mais
aussi et surtout les réalités nationales telles que les liens
entre la pauvreté et la dégradation de l'environnement. Le
PANE ainsi adopté en 1994 constitue l'Agenda 21 National.
L'objectif principal
du PANE/Agenda 21 National faut-il le rappeler, vise un équilibre
socio-économique et socio-écologique susceptible de contribuer
à la sécurité alimentaire et d'offrir de meilleure
conditions de vie aux populations.
Le développement
durable comme ci-dessus mentionné reste l'objectif majeur pour le
PANE/Agenda 21 National. La mise en œuvre des actions du PANE/Agenda 21
National privilégie l'implication et la participation de toutes les
composantes sociales, la gestion saine et durable de toutes les ressources,
la capacité de support des opérations engagées par
le milieu, la collectivité et les individus.
L'élaboration
des Agenda 21 au niveau local tel que le cas du Programme d'Action National
de lutte contre la Désertification procède d'un processus
participatif comportant des consultations à la base pour définir
les priorités.
2.5. Questions cruciales
et obstacles à la réalisation du développement durable
Les difficultés
rencontrées dans la mise en œuvre du processus du développement
durable sont nombreuses et multiformes. Les principales sont :
- la dépendance
vis à vis des ressources extérieures due à l'insuffisance
des moyens humains et financiers pour faire face aux besoins si énormes
de développement ;
- les contraintes
institutionnelles favorisées par l'insuffisance de concertation
entre services publics d'une part et entre services publics et services
privés d'autre, afin de créer une synergie dans les interventions
à tous les niveaux ;
- l'insuffisance d'information
et de sensibilisation du public par rapport à la problématique
du développement durable et des grands accords internationaux y
relatifs ;
- le problème
de pauvreté qui contraint davantage les populations à exercer
des pressions de plus en plus importantes sur les ressources naturelles
renouvelables ;
- la dévaluation
du franc CFA intervenue en 1994 a rendu inaccessibles certains biens de
consommations et les produits de santé, ce qui a entraîné
un regain d'utilisations des produits de la pharmacopée, source
de destruction des ressources naturelles ;
- la faiblesse du
secteur privé ;
- les problèmes
de disponibilité et de gestion de l'eau.
2.6. Meilleures
pratiques et leçons apprises
Au lieu des leçons
pour le fonctionnement du CONAGESE, on donne le cas pratique du Projet Gestion
Participative des Ressources Naturelles et de la Faune (GPRENAF). Le Projet
Gestion Participative des Ressources Naturelles et de la Faune (GPRENAF),
est un projet qui s'exécute dans deux pays : le Burkina Faso et la
Côte d'Ivoire. Son ambition est d'aider à conserver la diversité
biologique dans sa zone d'intervention par l'adoption d'une stratégie
à base communautaire qui conjugue protection de l'environnement et
développement socio-économique local. De façon plus
précise, le projet vise à renforcer les capacités des
collectivités locales dans la gestion à la fois durable et
rentable des ressources végétales et animales ; améliorer
la gestion de l'habitat et de la faune ainsi que les pratiques locales de
gestion du terroir etc.
Sur le plan méthodologique,
toute activité est d'abord discutée et arrêtée
de façon consensuelle avec les populations avant exécution.
Le projet implique 17
villages de la zone d'intervention. Pour les prises de décision,
il y a l'association villageoise mise en place sur la base d'associations
socio-professionnelles et traditionnelles existantes. Pour toutes les actions
menées dans la zone agrosylvopastorale et de diversité biologique,
un contrat est signé entre cette association et le projet.
Par exemple pour l'ouverture
de pistes rurales, l'association signe un contrat avec le projet qui met
à sa disposition les ressources financières nécessaires.
La stratégie est la suivante : Contribution de 30 % des associations
villageoises (dont 10 % de fonds propres et 20 % en main d'œuvre non qualifiée)
; contribution du projet de 70 %.
2.7. Appui des Agences
de l'ONU et, Agences Bilaterales et autres gropues
Pour la mise en œuvre
de ces programmes, le CONAGESE bénéficie des appuis de : l'Etat
; du PNUD, du FEM, du FIDA, du Danemark, des Pays-Bas, de la France, de
l'AFD (Agence Française de Développement), UICN, FAO, FED,
Coopération Italienne, GTZ etc..
Malgré les efforts
déployés, les financements restent insuffisants pour les projets
du CONAGESE dus essentiellement à certains engagements non respectés
par nos partenaires et aux limites du budget national.
2.8. Activités
de l'année en cours (1998)
1. la réalisation
des études sectorielles sur: l'aménagement et gestion
de la faune ; la valorisation des ressources halieutiques ; la capitalisation
des données environnementales et constitution d'un système
de gestion de catalogues de données ; l'ensemble de ces stratégies
déboucheront sur une relecture du PANE.
- Pour la Convention
sur la Diversité Biologique
Atelier national
sur l'élaboration d'un plan et d'une stratégie sur la
diversité biologique ;
Finalisation du
document sur la monographie sur la diversité biologique et soumission
au gouvernement pour adoption.
- Pour la convention
sur les changements climatiques
Lancement du Projet
FEM/PNUD sur la préparation du rapport national.
Préparation
d'un plan de travail préliminaire et élaboration des termes
de références pour des consultants nationaux dans le cadre
de la préparation de la communication initiale du Burkina Faso.
Pour la convention
sur la lutte contre la désertification
Il s'agira de la mise
en œuvre de la deuxième phase du processus d'élaboration du
PAN dont les objectifs à atteindre sont :
- Finaliser la mise
en place, puis assurer le fonctionnement effectif du cadre institutionnel
et organisationnel approprié pour le renforcement du système
de partenariat.
- Faire la revue,
par région, des projets de lutte contre la désertification
actuellement en cours d'exécution sur le terrain.
- Sensibiliser et
informer les différents acteurs à tous les niveaux, en vue
d'une meilleure compréhension des résultats de la première
session du Forum National, et de la méthodologie adoptée
pour l'élaboration du Programme d'Action National.
- Elaborer l'avant-projet
du Programme d'Action National de lutte contre la Désertification
;
- Mettre en œuvre
un processus pour l'établissement d'un Fonds National de Lutte
contre la Désertification.
- Mettre en place
et assurer le fonctionnement d'un groupe de suivi-évaluation chargé
de guider le Comité National de Pilotage et de suivre tout le processus,
sur la base d'indicateurs de suivi et d'évaluation interne.
3. La gestion
de l'information sur l'environnement
L'objectif visé
à travers cette composante est la mise en place d'un système
d'information environnementale (SIE) à la disposition des décideurs
pour aider à la prise de décision, planificateurs et autres
utilisateurs.
4. Législation
et réglementation
- l'organisation d'un
atelier en vue d'examiner les textes d'application des codes forestier
et de l'environnement ;
- la finalisation
et adoption du décret portant organisation et le fonctionnement
du CONAGESE en juillet 1998 ;
- l'élaboration
de l'arrêté portant organisation et fonctionnement du SP/CONAGESE
à soumettre pour adoption ;
2.9 Perspective
d'avenir du CONAGESE
Le Conseil National pour
la gestion de l'environnement au regard de sa récente création
a enregistré à travers son Secrétariat Permanent des
résultats très importants et acquis une certaine crédibilité.
C'est pourquoi il mettra tout en œuvre pour poursuivre cet élan par
la mise en œuvre des grandes orientations suivantes :
-
la consolidation
des acquis enregistrés ;
-
l'opérationnalisation
de tous ces organes (conférence notamment) ;
-
la poursuite de la
mise œuvre des conventions sur la diversité biologique et sur la
lutte contre la désertification avec l'adoption et la mise en œuvre
des différents programmes et stratégies d'actions ;
-
la poursuite de l'élaboration
des textes d'application des lois relatifs à l'environnement ;
-
la poursuite de l'exécution
et le démarrage de tous les projets dont le financement est acquis
;
-
la relecture du PANE
pour prendre en compte les stratégies sectorielles révisées
;
-
la poursuite de la
campagne sur la charte de la terre etc.