Updated 5 March, 2004
 
 
NSSD Home

Resource Book
Key Documents
Reference Area
The Project
Documents
Country Area
Links
Tools
Search
About NSSD
 


Burkina Faso


Rapport du CNDD sur le Developpement Durable


1. Bref aperçu du contexte du développement durable

A. Situations

Le Burkina, qui couvre une superficie de 274 000 km², présente une population estimée en 1996 à près de 10,5 millions d'habitants (5,6 millions en 1975) dont plus de 80 % tirent leurs revenus du secteur rural.

Avec un taux global de croissance de 2,64% et une densité moyenne de la population de 38%, le Burkina Faso fait partie du groupe des pays dits sahéliens où la majorité de la population continue de vivre dans une pauvreté presque absolue, privée de conditions de vie décente et ne disposant pas en quantité suffisante de nécessités aussi vitales que la nourriture, l'eau, les soins sanitaires, le logement, l'éducation, l'emploi.

En effet, les indicateurs humains font état d'une situation socio-économique difficile : espérance de vie à la naissance de 52 ans, couverture sanitaire estimée à 50 % accès à l'eau potable pour 46 %, taux brut de scolarisation de 38 % en 1996, taux d'alphabétisation de 22 % en 1994. Le niveau de développement humain dans le secteur rural est très faible ; il est inférieur respectivement de 20 % et 56 % par rapport au niveau national et au milieu urbain. Ces disparités se retrouvent également entre les hommes et les femmes. Si l'on réfère aux données sur les revenus, environ 55 % de la population vit en dessous de seuil de pauvreté estimée à 420 $ par personne par an.

Sur le plan économique, après une nette avancée, de 1982 à 1987, marquée par un taux de croissance du PIB d'environ 4,5 % par an, le PIB par habitant a reculé de 9 % en termes réels entre 1988 et 1994. En 1995, le PIB par habitant par an était estimé à moins de 250 $ et la part du secteur primaire dans la formation du PIB atteignait 40 % en 1996. La dette extérieure dépassait 39 % du produit national brut en 1993 évalué en 1992 à 310 $ par habitant.

Dans une telle situation, si l'on admet que l'environnement est la masse des ressources physiques et sociales disponibles à un moment donné pour la satisfaction des besoins humains, et que le développement est le processus poursuivi par tous en vue d'augmenter le bien-être des êtres humains, on est amené à se convaincre, que le but ultime des politiques en matière d'environnement et de développement est l'amélioration de la qualité de vie en commençant par la satisfaction des besoins essentiels de l'homme sans détruire l'environnement.

En effet, la pauvreté absolue à grande échelle des populations engendre des types de comportements humains préjudiciables à l'environnement notamment l'accentuation de la pression sur les ressources naturelles (eau, sol, végétation) et partant du processus de désertification. Le rapport 1992 de la Banque Mondiale estime à 800 km² le niveau de déboisement annuel au Burkina Faso entre 1981 et 1985.

Sur le plan politique, le pays s'est engagé depuis 1991 dans la voie de la démocratisation. Il s'est doté de nouvelles institutions démocratiques dont les dernières en date sont les conseils municipaux élus en février 1995 et la Chambre des Représentants.

B. Les principales activités réalisées en faveur du développement durable et de l'environnement

1. Relecture du Plan d'Action National pour l'Environnement

La Conférence de Rio sur l'Environnement et le Développement a apporté une vision nouvelle dans la conception des stratégies de développement. C'est pourquoi dans l'objectif d'intégrer harmonieusement les préoccupations de la gestion de l'environnement dans les politiques de développement, le Burkina Faso a procédé à une révision de sa politique en matière d'environnement, définie à travers le Plan d'Action National pour l'Environnement (PANE). Le PANE s'intègre dans le Plan d'Action National de Développement Economique et Social (PNDES).

Cette révision intervenue en 1993-94 a permis d'adapter le PANE aux réalités nationales, notamment les questions liées à la décentralisation et de prendre en compte les conclusions du Sommet de Rio et des autres engagements pris dans le domaine de l'environnement. Depuis lors, les activités en matière d'environnement et de développement s'inscrivent dans le cadre logique du plan révisé, qui est appelé à être périodiquement revu.

2. La convention sur la diversité biologique

Cette convention a été ratifiée par notre pays le 2 septembre 1993 en vue d'une participation élargie au processus, des ateliers d'information ont été organisés dans toutes les provinces à l'attention des responsables nationaux, des ONG et des partenaires au développement, pour expliquer l'importance des ressources biologiques pour l'homme et recueillir les avis quant à la gestion concertée et durable de ces ressources.

La collecte d'information et la définition de priorités d'action dans des domaines identifiés ont servi à l'élaboration de la monographie nationale sur la diversité biologique dont le document a été amendé par des ateliers régionaux décentralisés et un atelier national de validation. Le document de base est déjà finalisé, tandis que les annexes sont en cours de finalisation. L'ensemble sera soumis en décembre 1998 au gouvernement pour adoption.

Le processus d'élaboration de la stratégie nationale et des plans de gestion de la diversité se fait sur la base d'une démarche participative et concertée. Ainsi, 10 ateliers régionaux de planification ont été organisés et les stratégies régionales et les plans d'action y relatifs seront intégrés dans la stratégie nationale et le plan d'action de la diversité biologique qui fait partie intégrante du PANE.

3. La convention sur la lutte contre la désertification (CCD)

Le Burkina Faso a ratifié la Convention Internationale sur la Lutte contre la Désertification le 26 janvier 1996.

Le processus de mise en œuvre de cette convention comporte trois grandes étapes : la préparation du premier forum, l'élaboration et l'adoption du Programme d'Action National (PAN), la mise en œuvre et le suivi-évaluation du PAN.

Pour la première étape, une méthodologie, basée essentiellement sur l'information et la sensibilisation des acteurs, leur organisation ainsi que sur une série de consultations menées auprès d'eux, a permis l'organisation de la première session du Forum National en juillet 1997 qui a donné l'occasion aux principaux acteurs d'échanger leurs points de vue sur le processus de préparation et de mise en œuvre du PAN en se basant sur leurs réalités, leurs expériences et leurs moyens respectifs.

Les conclusions de ce forum ont permis de programmer la deuxième phase du processus. Pour sa mise en œuvre, une stratégie méthodologique a été élaborée sur la base d'objectifs spécifiques à mettre en œuvre pour atteindre l'objectif final qui est l'élaboration et l'adoption participative du Programme d'Action National de lutte contre la Désertification (PAN) ainsi que de ces principaux outils de mise en œuvre d'indicateurs de suivi-évaluation, Fonds National de lutte contre la Désertification, stratégie de communication. En vue de la préparation de la 2è session du forum national qui doit valider le PAN, des actions sont menées ou sont en cours.

Dans sa conception, le PAN est un document de référence qui s'intègre dans le Plan d'Action National pour l'Environnement.

4. La convention cadre sur les changements climatiques

Le Burkina Faso a ratifié la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques le 2 septembre 1993. Suite à cet acte, un comité interministériel de mise en œuvre des actions de la convention a été créé et est fonctionnel depuis 1995.

Au titre des activités, le comité a eu à inventorier avec l'appui financier de la Coopération Danoise, les sources d'émissions et puits d'absorption des gaz à effet de serre au Burkina Faso. Le rapport vient d'être validé par un atelier national en janvier 1997.

5. Le processus de décentralisation

Le processus en cours constitue un aménagement institutionnel important dans le processus de développement durable. Il a pour objectifs (i) le renforcement des capacités locales en matière d'utilisation durable des terres ; (ii) le renforcement et l'amélioration de la participation des communautés locales ou des différents groupes cibles aux programmes et projets de développement et de gestion de l'environnement urbain et rural.

Conformément à l'esprit de cette décentralisation et au souci d'une adaptation des textes législatifs et réglementaires aux réalités de terrain en vue d'une participation effective de toutes les couches socio-professionnelles à la gestion des ressources naturelles, il a été procédé à la révision concertée d'un certain nombre de ces textes et l'élaboration d'autres. Ces mesures ont porté sur :

  • La loi portant réorganisation agraire et foncière (RAF) en 1995.
  • Le code de l'environnement ADOPT2 LE 30 janvier 1997 et promulgué le 17 mars 1997.
  • Le code forestier adopté le 31 janvier 1997 et promulgué le 17 mars 1997.

6. Le protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d'ozone ratifié le 1 janvier 1989.

7. Les six engagements

L'attention politique accordée par la constitution (1.2) à l'environnement s'est traduite en terme d'actions par l'institution le 2 juin 1994, des six engagements pour un développement social et économique durable. Ces engagements sont :

  • la sauvegarde de l'environnement e la lutte contre la désertification ;
  • l'accroissement de la production agro-pastorale ;
  • l'organisation et l'appui au secteur informel et à l'artisanat ;
  • le développement du réseau des petites et moyennes entreprises et des petites et moyennes industries ;
  • le soutien aux activités productrices des femmes ;
  • l'élévation du niveau général des connaissances à la base et le développement du sport et des activités culturelles.

8. Le développement humain durable

L'évaluation des capacités institutionnelles actuelles révèle que l'efficacité de la gestion de l'économie reste encore limitée.

La lettre d'intention de politique de développement humain durable a été élaborée afin de combler cette lacune. Elle vise à contribuer au centrage du développement du pays sur le concept de sécurité humaine permettant d'accéder à :

  • la sécurité économique : l'accès à un emploi rémunérateur ;
  • la sécurité sanitaire : accès à moindre coût aux soins médicaux préventifs et curatifs ;
  • la sécurité alimentaire : accès à une alimentation de base y compris l'eau ;
  • la sécurité environnementale : liée à la préservation d'un environnement sain ;
  • la sécurité individuelle et politique.

Cette politique se situe dans une perspective décennale à compter de 1996.

9. Les stratégies sectorielles

  • Dans le domaine de l'agriculture et de l'élevage

    La Lettre de Politique de Développement Agricole Durable (LPDAD) (juillet 1996) se veut être une reformulation plus cohérente de la politique de développement agricole de 1992 pour mieux intégrer les aspects de réformes institutionnelles et économiques, de développement durable, de façon à assurer une adéquation entre agriculture, environnement et population.

    A travers ces objectifs, la LPDAD prend en compte les engagements pris par le Burkina Faso pendant la conférence de Rio et ceux dégagés par le Gouvernement, notamment les six engagements de juin 1994.

  • Dans le domaine de l'eau

    La maîtrise de l'eau au Burkina Faso s'impose comme l'une des conditions de base du développement économique et sociale et de l'amélioration de la santé des populations. Pour ce faire, la politique de l'eau s'appuie sur une meilleure connaissance des ressources en eau, dont l'exploitation tient compte des priorités suivantes : boisson et besoins domestiques ; hydraulique agricole et pastorale ; développement de ressources énergétiques ; pêche ; industrie.

  • Dans le domaine des forêts

    L'objectif essentiel de la politique forestière est de contribuer à la lutte contre la désertification, à l'atteinte de l'auto-suffisance alimentaire et à la satisfaction des besoins nationaux en énergie, bois de service et bois d'œuvre.

    Les options retenues sont : la réduction de façon significative du déséquilibre entre l'offre et la demande en bois-énergie ; la réhabilitation des forêts dégradées ; l'amélioration du cadre de vie.

  • Dans le domaine de la faune sauvage

    Les options concernent : le renforcement du tourisme cynégétique ; le renforcement de la protection des ressources cynégétiques et de la diversité biologique ; la promotion du ranching ; l'apport de protéines animales aux populations.

  • Dans le domaine des ressources halieutiques

    Les options retenues sont entre autres : l'augmentation de la production nationale ; la protection/conservation des écosystèmes aquatiques ; la promotion de la consommation du poisson.

  • Dans le domaine de l'habitat

    Le Burkina Faso comptait en 1991, 9.190.179 habitants. Cette population est passée à 10,5 millions d'habitants en 1996. Le taux d'urbanisation est passé successivement de 6,4 % en 1975 à 12,7 % en 1985, puis à 14 % en 1991. Il atteindra 24 % en l'an 2010. La population urbaine qui était de 1.287 ?285 habitants en 1991 passera à 1.913.000 habitants en l'an 2000 (MTPHU, 1995).

    La problématique de l'habitat a été largement pris en compte par la Réorganisation Agraire et Foncière de 1985. Ainsi, il est prévu dans le cadre du schéma national d'aménagement, des schémas directeurs d'aménagement urbain.

  • Dans le domaine de l'assainissement/amélioration du cadre de vie

    Le Burkina Faso a adopté en janvier 1996, sa politique nationale d'assainissement dont les principes directeurs sont entre autres : l'implication de toutes les couches sociales au processus de planification et le renforcement de leurs capacités d'intervention ; le partage de responsabilité de gestion dans les arrangements institutionnels entre les administrations, le secteur privé, les ONG et les communautés de base ; la prise en compte de l'assainissement dans les politiques et stratégies de développement .

    Au niveau des actions à mener, l'on retiendra outre les mécanismes de partenariat à mettre en place, les domaines concernés qui sont les eaux domestiques et les excréta, les eaux pluviales, les déchets solides municipaux, les déchets industriels, hospitaliers et toxiques et la recherche de technologies appropriées.

  • Dans le domaine des transports

    Au regard de l'importance stratégique des transports, le Burkina Faso a entrepris de définir les stratégies à adopter afin de créer des conditions de participation du secteur à la relance du développement économique du pays. Le programme d'ajustement structurel des transports vise à mettre en état et à entretenir l'infrastructure essentielle existante et à améliorer l'efficacité du secteur par le renforcement des structures et la restructuration des entreprises publiques du secteur.

    En vue de faciliter la participation du privé à la réalisation du programme, des mesures spécifiques ont été mises en place permettant ainsi d'alléger les procédures de passation et de liquidation des marchés. Ainsi, la participation du secteur privé aux travaux d'entretien courant des routes est passée de 73 % en 1993 à 81 % en 1994.

  • Dans le domaine de l'énergie

    En 1992, la consommation énergétique du Burkina Faso s'élevait à environnement 1,7 millions de TEP répartis comme suit :

- énergies traditionelles 91%
- hydrocarbures 8%
-electricité 1%

Comme on peut le constater, la prédominance actuelle des énergies traditionnelles présage que ces types d'énergies continueront à tenir pendant longtemps une place importante dans le bilan énergétique du pays, cela entraîne une pression continuelle sur les ressources ligneuses rendant alors difficile la conservation de l'équilibre écologique, déjà fragilisé par la désertification persistante et la sécheresse. C'est pourquoi la politique forestière définit des options pour une satisfaction des besoins en énergie et la lutte contre la désertification.

10. L'éducation environnementale

Dans le domaine de l'éducation environnementale informelle et formelle, des programmes ont été initiés parmi lesquels l'on peut retenir : l'institution de l'éducation environnementale au niveau des enseignements primaire, secondaire, supérieur et technique, le Programme de Formation et d'Information sur l'Environnement (PFIE) initié par le CILSS et destiné aux écoles primaires, etc…. En vue d'harmoniser toutes ces initiatives, une commission nationale a été mandatée pour réfléchir sur les outils à concevoir dans le domaine de l' éducation environnementale.

11. Facteurs favorables à la participation de la société civile au développement durable

Sur le plan politique, la constitution consacre la nécessité d'accorder une attention de haut niveau à la gestion rationnelle de l'environnement et garantit la liberté d'association et la liberté d'entreprise. Les deux dispositions constituent des atouts majeurs pour le développement d'initiatives en faveur de l'environnement et du développement.

La décentralisation en cours est un système d'organisation de l'Etat qui peut se définir comme un processus participatif permettant aux collectivités décentralisées de cheminer vers une société de progrès (CND, 1995). Ce processus constitue un aménagement institutionnel important dans le processus global de développement durable.

Le concept de développement participatif a toujours constitué depuis l'avènement des plans de développement un des fers de lance des efforts de développement du pays. C'est ainsi qu'au travers des divers plans quinquennaux qu'a connus le pays, il a toujours été fait appel à la responsabilité des communautés de base dans le libre choix et la réalisation des actions de développement à la base.

A l'appui de cette tradition de développement participatif, un fort mouvement associatif qui tire également ses origines traditionnelles, a émergé et a connu une forte expansion. Les ONG, dont le nombre a considérablement augmenté suite à la grande sécheresse du début des années 70, ont fortement contribué à l'enracinement du concept. Celles-ci, au nombre de 200 environ, sont organisées en collectifs.

Au niveau légal et juridique, les associations reconnues d'utilité publique bénéficient d'un statut privilégié avec des avantages et des obligations spécifiques définis par une loi. Les sociétés coopératives et précoopératives sont régies également par un décret présidentiel. Par ailleurs, le gouvernement a mis en place en 1984 un Bureau de Suivi des ONG (BSONG) chargé, du suivi des conventions-cadre liant l'Etat et les ONG.

Le secteur privé qui fournit environ 10 % de l'emploi non agricole est largement dominé par les micro-entreprises et les activités informelles. Celles-ci ont connu un boom remarquable depuis le début des années 80 dans la foule de la crise économique qui frappait alors le secteur moderne. Son histoire est toutefois intimement liée aux traditions artisanales du pays dont le potentiel riche et varié est encore largement sous-exploité.

Le dernier recensement de 1985 indique l'existence de 230 entreprises modernes (petites et moyennes) et 90.000 micro-entreprises. L'ensemble de ces entreprises emploie près de 260.000 personnes soit 6 % de la population active. Le secteur informel produit près de 30 % du PIB et fournit 60 % des emplois urbains. Le tissu industriel est encore embryonnaire, limité à quelques unités de transformation localisées essentiellement à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Mais des faiblesses sont constatées au niveau de ce secteur privé.

2.0. Vue d'ensemble de l'expérience du CONAGESE

2.1. Mandat d'exécution ou légal

Les questions environnementales constituent une préoccupation essentielle dans les politiques de développement des pays sahéliens. Face à cette situation, le Burkina Faso a engagé depuis plus d'une vingtaine d'années, des actions en faveur de la gestion rationnelle des ressources naturelles renouvelables.

Depuis 1976, la politique environnementale du Burkina n'a cessé d'évoluer en tentant de s'adapter au contexte socio-économique du pays et aux directives de la communauté internationale. Ainsi, de grands programmes et projets en faveur de la gestion des ressources environnementales ont vu le jour dont : le Plan National de Lutte Contre la Désertification (PNLCD) adopté en 1986. Un Comité National de Lutte Contre la Désertification (CNLCD) a été mis en place pour la coordination de sa mise en œuvre.

Le bilan de l'ensemble des actions menées, fait en 1992 a ressorti des insuffisances qui ont conduit à l'élaboration du Plan d'Action National pour l'Environnement avec la mise en place du Secrétariat Permanent du PANE.

En 1995 fut créé le Ministère de l'Environnement et de l'Eau et dans le cadre de cette organisation, a vu le jour le Conseil National pour la Gestion de l'Environnement (CONAGESE). Le CONAGESE est un cadre de concertation, d'orientation et de suivi de la politique environnementale. Les textes officiels ont été adoptés en juillet 1998.

Le CONAGESE est chargé des missions suivantes : (i) favoriser la concertation entre les différents acteurs intervenant dans le domaine de l'environnement et de la gestion des ressources naturelles ; (ii) veiller à l'harmonisation des actions relatives à la gestion de l'environnement ; (iii) promouvoir la participation des populations à l'évaluation et à la mise en œuvre des politiques, plans et programmes en matière environnementale ; (iv) assurer le suivi de la mise en œuvre des politiques et de la législation relatives à l'environnement.

2.2. L'organisation et le fonctionnement du CONAGESE

Le CONAGESE est constitué de deux organes : la Conférence ; le Secrétariat Permanent.

La Conférence

La conférence du CONAGESE est un organe consultatif. Elle fait des propositions et formule des recommandations sur les dossiers qui lui sont soumis par le gouvernement.

Elle peut se saisir de toute question qu'elle juge pertinente en vue d'émettre un avis au gouvernement. La conférence du CONAGESE est composée d'un bureau et de membres :

Le bureau de la Conférence comprend :

Un Président    le Premier Ministre
Un premier vice président   le Ministre chargé de l'Environnement
Un deuxième vice président    le Ministre chargé de l'Industrie
Un troisième vice président    le Ministre chargé des Finances
Un quatrième vice président    le Ministre chargé de l'Agriculture 
Un Secrétaire    le Secrétaire Permanent du CONAGESE
Un premier rapporteur   le Directeur National chargé de l'Urbanisme
Un deuxième rapporteur    le Directeur National chargé des Mines
Un troisième rapporteur   le Directeur National chargé de l'Hydraulique
Un quatrième rapporteur   le Directeur National chargé des ressources naturelles

Sont membres de la Conférence : les représentants des départements ministériels et des Institutions impliqués dans la gestion de l'environnement ; les représentants de la société civile, notamment les ONG, association de protection de l'environnement, syndicats ;les représentants de la chefferie coutumière et des communautés religieuses ; les représentants du secteur privé ; toute personne désignée en fonction de ses compétences.

Le Secrétariat Permanent

Le Secrétariat Permanent est un organe d'animation et de suivi des activités du CONAGESE, doté de compétences interdisciplinaires et placé sous la tutelle du Ministère chargé de l'Environnement.

Le Secrétariat Permanent est chargé : (i) d'assurer la circulation de l'information et d'organiser les échanges nécessaires entre les différents intervenants ; (ii) de prendre les initiatives nécessaires à l'instauration d'une cohérence dans les démarches relatives à l'action environnementale et dans la mise en œuvre des plans et programmes environnementaux ; (iii) de favoriser de l'implication effective des populations dans la gestion de l'environnement ; (iv) d'assurer la capitalisation et la valorisation des acquis résultant des expériences accumulées en matière de gestion de l'environnement.

Le Secrétaire Permanent est animé par : Un Secrétaire Permanent ; un Coordinateur ; des Chefs de Divisions.

Le Secrétariat Permanent est placé sous la responsabilité d'un Secrétaire Permanent nommé en Conseil des Ministres sur proposition du Ministre chargé de l'Environnement.

Le Secrétariat Permanent est assisté d'un comité d'experts appelé comité technique, chargé d'étudier toute question spécialisée que lui soumettrait le secrétariat permanent.

Au niveau décentralisé (régional, provincial, départemental, villageois), il est prévu l'utilisation des Cadres de Concertations Techniques Provinciaux existant comme cadre unique de concertation-coordination favorisant la participation des populations, de la société civile, des partenaires de coopération et de l'Etat aux différents niveaux de développement. Ils seront organisés en commissions thématiques.

2.3. Etendue de la participation des détenteurs d'enjeux multiples

La Conférence du CONAGESE qui regroupe les différents détenteurs d'enjeux et prévue pour se réunir une fois l'an sera fonctionnelle à partir de 1999.

Néanmoins les différents comités spécialisés mis en place dans le cadre notamment des conventions sur la diversité biologique, les changements climatiques et la lutte contre la désertification ainsi que de la législation environnementale connaissent une participation effective des différents détenteurs d'enjeux aux réunions périodiques qui sont organisées.

Des consultations par catégorie d'acteurs sont menées afin de dégager les préoccupations de chaque groupe avant les réunions du CONAGESE. A titre d'exemple, on peut citer la préparation du forum national sur la lutte contre la désertification.

2.4. Contribution significative à l'Agenda 21 et à la durabilité sur le plan local et national

Suite à la CNUED en 1992, le Plan d'Action National pour l'Environnement (PANE), adopté et mise en œuvre depuis 1991 a été relu en juillet 1993 pour prendre en compte non seulement les principes énoncés dans les déclarations de RIO, notamment les aspects liés à la coopération internationale, au développement durable, mais aussi et surtout les réalités nationales telles que les liens entre la pauvreté et la dégradation de l'environnement. Le PANE ainsi adopté en 1994 constitue l'Agenda 21 National.

L'objectif principal du PANE/Agenda 21 National faut-il le rappeler, vise un équilibre socio-économique et socio-écologique susceptible de contribuer à la sécurité alimentaire et d'offrir de meilleure conditions de vie aux populations.

Le développement durable comme ci-dessus mentionné reste l'objectif majeur pour le PANE/Agenda 21 National. La mise en œuvre des actions du PANE/Agenda 21 National privilégie l'implication et la participation de toutes les composantes sociales, la gestion saine et durable de toutes les ressources, la capacité de support des opérations engagées par le milieu, la collectivité et les individus.

L'élaboration des Agenda 21 au niveau local tel que le cas du Programme d'Action National de lutte contre la Désertification procède d'un processus participatif comportant des consultations à la base pour définir les priorités.

2.5. Questions cruciales et obstacles à la réalisation du développement durable

Les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du processus du développement durable sont nombreuses et multiformes. Les principales sont :

  • la dépendance vis à vis des ressources extérieures due à l'insuffisance des moyens humains et financiers pour faire face aux besoins si énormes de développement ;
  • les contraintes institutionnelles favorisées par l'insuffisance de concertation entre services publics d'une part et entre services publics et services privés d'autre, afin de créer une synergie dans les interventions à tous les niveaux ;
  • l'insuffisance d'information et de sensibilisation du public par rapport à la problématique du développement durable et des grands accords internationaux y relatifs ;
  • le problème de pauvreté qui contraint davantage les populations à exercer des pressions de plus en plus importantes sur les ressources naturelles renouvelables ;
  • la dévaluation du franc CFA intervenue en 1994 a rendu inaccessibles certains biens de consommations et les produits de santé, ce qui a entraîné un regain d'utilisations des produits de la pharmacopée, source de destruction des ressources naturelles ;
  • la faiblesse du secteur privé ;
  • les problèmes de disponibilité et de gestion de l'eau.

2.6. Meilleures pratiques et leçons apprises

Au lieu des leçons pour le fonctionnement du CONAGESE, on donne le cas pratique du Projet Gestion Participative des Ressources Naturelles et de la Faune (GPRENAF). Le Projet Gestion Participative des Ressources Naturelles et de la Faune (GPRENAF), est un projet qui s'exécute dans deux pays : le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire. Son ambition est d'aider à conserver la diversité biologique dans sa zone d'intervention par l'adoption d'une stratégie à base communautaire qui conjugue protection de l'environnement et développement socio-économique local. De façon plus précise, le projet vise à renforcer les capacités des collectivités locales dans la gestion à la fois durable et rentable des ressources végétales et animales ; améliorer la gestion de l'habitat et de la faune ainsi que les pratiques locales de gestion du terroir etc.

Sur le plan méthodologique, toute activité est d'abord discutée et arrêtée de façon consensuelle avec les populations avant exécution.

Le projet implique 17 villages de la zone d'intervention. Pour les prises de décision, il y a l'association villageoise mise en place sur la base d'associations socio-professionnelles et traditionnelles existantes. Pour toutes les actions menées dans la zone agrosylvopastorale et de diversité biologique, un contrat est signé entre cette association et le projet.

Par exemple pour l'ouverture de pistes rurales, l'association signe un contrat avec le projet qui met à sa disposition les ressources financières nécessaires. La stratégie est la suivante : Contribution de 30 % des associations villageoises (dont 10 % de fonds propres et 20 % en main d'œuvre non qualifiée) ; contribution du projet de 70 %.

2.7. Appui des Agences de l'ONU et, Agences Bilaterales et autres gropues

Pour la mise en œuvre de ces programmes, le CONAGESE bénéficie des appuis de : l'Etat ; du PNUD, du FEM, du FIDA, du Danemark, des Pays-Bas, de la France, de l'AFD (Agence Française de Développement), UICN, FAO, FED, Coopération Italienne, GTZ etc..

Malgré les efforts déployés, les financements restent insuffisants pour les projets du CONAGESE dus essentiellement à certains engagements non respectés par nos partenaires et aux limites du budget national.

2.8. Activités de l'année en cours (1998)

1. la réalisation des études sectorielles sur: l'aménagement et gestion de la faune ; la valorisation des ressources halieutiques ; la capitalisation des données environnementales et constitution d'un système de gestion de catalogues de données ; l'ensemble de ces stratégies déboucheront sur une relecture du PANE.

    2. Le suivi des Conventions Internationales dont les activités concernent :

  • Pour la Convention sur la Diversité Biologique

    Atelier national sur l'élaboration d'un plan et d'une stratégie sur la diversité biologique ;

    Finalisation du document sur la monographie sur la diversité biologique et soumission au gouvernement pour adoption.

  • Pour la convention sur les changements climatiques

    Lancement du Projet FEM/PNUD sur la préparation du rapport national.

    Préparation d'un plan de travail préliminaire et élaboration des termes de références pour des consultants nationaux dans le cadre de la préparation de la communication initiale du Burkina Faso.

    Pour la convention sur la lutte contre la désertification

Il s'agira de la mise en œuvre de la deuxième phase du processus d'élaboration du PAN dont les objectifs à atteindre sont :

  • Finaliser la mise en place, puis assurer le fonctionnement effectif du cadre institutionnel et organisationnel approprié pour le renforcement du système de partenariat.
  • Faire la revue, par région, des projets de lutte contre la désertification actuellement en cours d'exécution sur le terrain.
  • Sensibiliser et informer les différents acteurs à tous les niveaux, en vue d'une meilleure compréhension des résultats de la première session du Forum National, et de la méthodologie adoptée pour l'élaboration du Programme d'Action National.
  • Elaborer l'avant-projet du Programme d'Action National de lutte contre la Désertification ;
  • Mettre en œuvre un processus pour l'établissement d'un Fonds National de Lutte contre la Désertification.
  • Mettre en place et assurer le fonctionnement d'un groupe de suivi-évaluation chargé de guider le Comité National de Pilotage et de suivre tout le processus, sur la base d'indicateurs de suivi et d'évaluation interne.

3. La gestion de l'information sur l'environnement

L'objectif visé à travers cette composante est la mise en place d'un système d'information environnementale (SIE) à la disposition des décideurs pour aider à la prise de décision, planificateurs et autres utilisateurs.

4. Législation et réglementation

  • l'organisation d'un atelier en vue d'examiner les textes d'application des codes forestier et de l'environnement ;
  • la finalisation et adoption du décret portant organisation et le fonctionnement du CONAGESE en juillet 1998 ;
  • l'élaboration de l'arrêté portant organisation et fonctionnement du SP/CONAGESE à soumettre pour adoption ;

2.9 Perspective d'avenir du CONAGESE

Le Conseil National pour la gestion de l'environnement au regard de sa récente création a enregistré à travers son Secrétariat Permanent des résultats très importants et acquis une certaine crédibilité. C'est pourquoi il mettra tout en œuvre pour poursuivre cet élan par la mise en œuvre des grandes orientations suivantes :

  • la consolidation des acquis enregistrés ;

  • l'opérationnalisation de tous ces organes (conférence notamment) ;

  • la poursuite de la mise œuvre des conventions sur la diversité biologique et sur la lutte contre la désertification avec l'adoption et la mise en œuvre des différents programmes et stratégies d'actions ;

  • la poursuite de l'élaboration des textes d'application des lois relatifs à l'environnement ;

  • la poursuite de l'exécution et le démarrage de tous les projets dont le financement est acquis ;

  • la relecture du PANE pour prendre en compte les stratégies sectorielles révisées ;

  • la poursuite de la campagne sur la charte de la terre etc.


 

 


 


© NSSD 2003  
NSSD.net Home
Top of Page