Description
et Analyse Comparative des Cadres D'Orientation Strategique
Description des
documents dorientation stratégique
La LIPDHD et dun
point de vue opérationnel, le cadre stratégique de lutte
contre la pauvreté constituent la charpente de la nouvelle stratégie
de développement économique du Burkina Faso. Dans le même
temps, le pays se trouve engagé dans dautres processus de
planification à caractère sectoriel ou transversal dont
les mécanismes darticulation avec le CSLP restent encore
à parfaire.
Nous appellerons cadres
et plans sectoriels, ceux dont lexécution se fait essentiellement
au sein dun département ministériel sectoriel, même
si les orientations dégagées sont à prendre en considération
par les autres départements. Les documents dorientation stratégique
à vocation transversale sont à considérer comme cadre
référentiel et structurant pour les autres.
Documents dorientation
stratégique à caractère sectoriel
- le Plan Décennal
de Développement de lEducation de Base (2000/2009) ;
- le Plan Stratégique
de la Recherche Scientifique ;
- la Lettre de Politique
pour le Développement Agricole (LPDA)
- le Plan Stratégique
Opérationnel (PSO)
- le Programme dInvestissement
du Secteur Agricole
- le Document Stratégique
dOrientation, de Croissance Durable de lAgriculture et de
lElevage ;
- le Plan dAction
pour lElevage ;
- le Programme dAction
National de Lutte contre la Désertification (PAN/LCD) ;
- la Stratégie
Nationale et le Programme dAction en matière de Diversité
Biologique ;
- le Document de
Politique Sanitaire National ;
- le Plan dAction
pour la Survie, la Protection et le Développement de lEnfant ;
- le Programme du
Secteur des Transports et du Tourisme ;
- le Plan dAction
pour la Sécurité Alimentaire.
Documents dorientation
stratégique à caractère transversal
- les Textes dOrientation
pour la Décentralisation ;
- la Politique Nationale
de Population ;
- le Cadre Stratégique
de Lutte contre la Pauvreté ;
- le Document Cadre
de Politique Economique (DCPE) ;
- le Document Cadre
de Stratégie de Valorisation de lExpertise Nationale ;
- le Plan National
de la Bonne Gouvernance ;
- le Plan dAction
pour la Promotion de la Femme ;
- le Plan dAction
National pour lEnvironnement.
Analyse comparative
des documents dorientation stratégique
Lanalyse comparative
permet daborder globalement les cadres dorientation stratégique,
quils soient de type sectoriel ou transversal à partir dune
grille unique de lecture, avec pour objectif den cerner :
- le contexte ;
- les acteurs ;
- le mode dintégration
des institutions et des initiatives ;
- le processus ;
- les impacts.
Il nétait
pas possible, dans le cadre de cet exercice de mener une analyse approfondie
et exhaustive des documents dorientation stratégique et des
modalités de leur mise en uvre. Une étude préliminaire
a permis de décrire la plupart dentre eux, avant dexaminer
de façon plus détaillée trois cas (le Cadre Stratégique
de Lutte contre la Pauvreté, le Plan d Action National de
Lutte contre la Pauvreté, la Politique Nationale de Population).
Contexte des processus
de planification
Linitiative
de lélaboration des cadres de planification renvoie à
des motivations diverses. Ainsi, dans le cas du plan décennal de
léducation de base tout comme pour lélaboration
du plan stratégique de la recherche scientifique ou de la politique
de décentralisation, ce sont les préoccupations nationales,
en particulier la forte demande sociale et les pressions exercées
par certains groupes dacteurs qui sont à la base des processus
de planification. Il convient de signaler que ces processus sinscrivent
dans un contexte marqué par des changements institutionnels profonds
(remise en cause du rôle de lEtat en tant quopérateur
dominant du développement rural, émergence de nouvelles
catégories dacteurs qui aspirent à conquérir
de nouveaux espaces de négociation, etc.).
Pour ce qui concerne
les cadres de planification articulés autour des problématiques
de la population, du genre, de la protection de lenfant et de la
lutte contre la pauvreté, ils sont le résultat de consensus
internationaux réalisés au cours de rencontres importantes
comme le sommet mondial pour les enfants tenu à New York en 1990,
celui de Rio sur lEnvironnement et le développement durable
(1992), du Caire sur la Population (1994), de Beijing sur les femmes (1995),Bucarest
(1974), de Mexico (1984) etde Copenhague sur le Développement social
(1996) .
Dans la même
logique, la ratification par le Burkina Faso de certaines conventions
internationales constitue le soubassement de processus de planification
comme dans le cas de lélaboration du programme national de
lutte contre la désertification et de la préparation du
plan daction en matière de diversité biologique.
Le dernier cas de
figure concerne les processus de planification qui découlent des
exigences formulées par certains partenaires au développement
dans le cadre de la mise en uvre des politiques dajustement
structurel à caractère global (DCPE), puis sectoriel (PASA,
PASEC/T
).
Il est à noter
que chaque fois que ces processus de planification ont été
initiés sur la base dune conditionnalité externe,
les autorités nationales ont cherché à transformer
cette contrainte en opportunité (mise en cohérence des politiques
et programmes en cours dexécution ou délaboration).
Du point de vue des
objectifs poursuivis, les plans et les cadres sectoriels se sont surtout
employés à définir des lignes daction articulées
autour de la consolidation des acquis dans le secteur concerné
et/ou de la promotion de nouvelles actions pertinentes au plan institutionnel,
économique, organisationnel, etc. Les plans et cadres transversaux,
pour ce qui les concerne, ont cherché à privilégier
des mesures qui constituent des actions intersectorielles comme le développement
des ressources humaines, la lutte contre la pauvreté, lamélioration
de la gestion de lenvironnement et la promotion des femmes dans
le développement économique et social.
Dans la même
logique, la ratification par concerné et/ou de la promotion de
nouvelles actions pertinentes au plan institutionnel, économique,
organisationnel, etc. Les plans et cadres transversaux, pour ce qui les
concerne, ont cherché à privilégier des mesures qui
constituent des actions intersectorielles comme le développement
des ressources humaines, la lutte contre la pauvreté, lamélioration
de la gestion de lenvironnement et la promotion des femmes dans
le développement économique et social.
Acteurs
Les modalités
dimplication des acteurs dans les processus de planification sont
diverses et multiformes. A la limite, on pourrait dire quil existe
autant de formules dimplication quil y a de processus de planification.
Toutefois, ces diverses formes dimplication peuvent être regroupées
pour lessentiel en trois cas de figure.
Le premier cas de
figure concerne les modes dimplication qui se fondent sur une approche
technocratique et centralisée tendant à confiner les acteurs
de la société civile dans une position marginale et à
donner une position largement dominante aux institutions étatiques.
Dans le cas de lélaboration du plan décennal de développement
de léducation de base, les institutions publiques directement
concernées ont collaboré de façon étroite
avec les agences de coopération intervenant dans le secteur. En
revanche, les partenaires sociaux nont été associés
au processus quau moment de la validation du plan. Il en va de même
pour ce qui concerne le document cadre de politique économique
qui a été élaboré par les cadres techniques
du Ministère chargé de léconomie et des finances
en collaboration avec avec lappui dles experts de la Banque Mondiale
et du FMI.
Le deuxième
cas de figure regroupe les modalités dimplication qui relèvent
de processus de planification caractérisés par un effort
douverture en direction de la société civile et des
opérateurs privés. Il reste que la qualité de cette
implication nest pas toujours satisfaisante. Par exemple, dans le
cas du processus délaboration du PSO, il na pas été
possible détablir des mécanismes participatifs offrant
aux organisations de la société civile et aux opérateurs
privés les moyens de définir leur vision propre et de formuler
des propositions prenant en compte leurs préoccupations spécifiques
et leur expérience acquise sur le terrain.
Cette remarque sapplique
également à la politique nationale de population dont la
démarche délaboration a mis à lécart
plusieurs groupes dacteurs de la société civile qui
sont porteurs de visions et de propositions en matière dorientations
politiques et de stratégies dintervention (organisations
syndicales, mouvements de défense des droits humains, organisations
de jeunesse, groupements de femmes). De même, pour ce qui concerne
le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, on constate
que la participation du secteur privé est très faible, en
dépit du souhait initial des responsables du Ministère chargé
de léconomie et des finances. Le désintérêt
de ces acteurs a été renforcé par le fait que les
concertations sur les stratégies de lutte contre la pauvreté
ont été dominées par des débats ayant un caractère
très technique, sans que les acteurs de la société
civile aient été véritablement préparés
à contribuer.
Les acteurs de la
société civile estiment en général que bien
quimpliqués, leurs préoccupations ne sont pas à
proprement dit prises en compte. Par exemple, la réforme de ladministration,
initiée par le Ministère de la Fonction Publique et du Développement
institutionnel a invité les syndicats à simpliquer
dans les différents travaux et étapes délaboration.
En dépit du désaccord des centrales syndicales sur le contenu
du document, le projet a été soumis et voté à
lassemblée nationale. Ce point de vue venant des syndicats
illustre le désenchantement, le sentiment quil ny a
pas denjeu véritable pour la participation . Plusieurs acteurs
de la société civile estiment ainsi quil sagit
dun simulacre dimplication dans la majorité des cas.
Le troisième
cas de figure porte sur lensemble des stratégies dimplication
dont la mise en uvre sest traduite par des progrès
réels en matière de responsabilisation des différents
acteurs concernés. Durant le processus de formulation de la politique
de décentralisation et du PAN/LCD par exemple, on a pu observer
une amélioration notable de la qualité de limplication
des acteurs à partir dune combinaison réussie de différents
mécanismes, notamment les groupes de réflexion, les comités
de pilotage et les ateliers de concertation. Même sil existe
encore des insuffisances importantes, les innovations introduites indiquent
la voie à suivre.
Au plan général,
la stratégie dimplication des acteurs se heurte à
plusieurs types de contraintes. La première concerne les modalités
de mise en place et de fonctionnement des structures de concertation et
de pilotage. En effet, les mécanismes de représentation
des acteurs au sein de ces structures ne tiennent pas toujours compte
de la capacité des mandataires désignés à
apporter une contribution significative dans le processus de planification.
Cette remarque fait référence surtout à la participation
des acteurs aux forums et à des rencontres plus élargies.
Il apparaît clairement que les représentants des services
techniques tout comme ceux des organisations de la société
civile ne sont pas toujours en mesure de nouer un dialogue fécond
entre leurs institutions dorigine et les cadres de planification
dans lesquels ils sont mandatés.
Pareille situation
sexplique en partie par le fait que le choix des institutions à
impliquer dans un processus de planification est généralement
laissé à la discrétion de la structure qui en assure
le pilotage.
Les acteurs de la
société civile estiment quils faut laisser leurs coordinations
existantes procéder à la désignation des personnes
à mandater. Par exemple, le CCOF (Cadre de Concertation des Organisations
faîtières) regroupant certaines organisations paysannes à
léchelle nationale, estime que les comités de pilotage
doivent sadresser exclusivement aux institutions paysannes, afin
que celles-ci fassent le choix de la personne devant la représenter,
au lieu de coopter une personne ou une organisation membre ayant les faveurs
du principal bailleur du processus.
Les délais
impartis ne permettent pas dévaluer la capacité des
différentes institutions à simpliquer réellement
dans les processus, ni dexaminer attentivement, au sein de linstitution,
les profils des agents avant de désigner les mandataires.
Labsence de
cahier de charge pour ces représentants fait que leurs rôles
au sein des cadres de pilotage ne sont généralement pas
précisés. Lorsque des termes de référence
sont définis, les représentants nont pas de mandat
clairement délimité et il nexiste pas de procédure
dévaluation de la qualité de leur implication dans
les processus. En somme, linexistence de cahier de charge comportant
des procédures de sanctions (positives ou négatives selon
les cas) explique le manque de motivation des mandataires et la faible
rigueur dont ils font preuve dans laccomplissement de leurs tâches.
Cette limite est aggravée
par le fait que les représentants de que la préparation
du PAN/LCD ne sest pas effectuée en synergie suffisante avec
les deux autres conventions relatives à la diversité biologique
et au changement climatique ; et cela malgré le fait que le
SP/CONAGESE soit le point focal de ces trois conventions.
Sagissant du
cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, il a été
élaboré à un moment où la plupart des autres
politiques sectorielles existaient déjà. Le CSLP a incorporé
les orientations, les objectifs et les réformes envisagées
dans certains secteurs (éducation de base et santé essentiellement)
en y ajoutant de nouveaux indicateurs. Dans sa formulation actuelle, le
CSLP ne constitue pas un cadre de référence pour lensemble
des secteurs qui la méconnaissent pour la plupart.
Cette limite est aggravée
par le fait que les représentants des institutions dans les comités
de pilotage changent dune réunion à une autre ;
ce qui compromet la continuité du suivi du processus de planification.
Une autre contrainte concerne labsence de mécanismes destinés
à garantir une préparation préalable suffisante des
différentes rencontres (forums, comités de pilotage, réunions
de travail). Les acteurs qui prennent part aux réunions reçoivent
les documents préparatoires, le plus souvent, la veille de la rencontre,
parfois le jour même. Dans de telles conditions, ils nont
pas la possibilité dapporter une contribution prenant en
compte toute lexpérience des groupes dacteurs ou des
institutions auxquels ils appartiennent.
Les comités
de pilotage seraient formés le plus souvent, en majorité
par les cadres de ladministration, ce qui ne donne pas suffisamment
de poids à la présence des organisations de la société
civile.
Par ailleurs, ces
comités nont pas un pouvoir suffisant pour contrebalancer
les structures administratives de décision proprement dites. Il
nest pas rare de voir des départements ministériels
remettre en cause les orientations définies par les comités
de pilotage.
Les organisations
paysannes indiquent que les principales décisions relatives à
la mise en place du Plan daction OPA ne rencontrent pas leur assentiment
et que cette opinion avait déjà été transmise
aux autorités nationales. En outre, elles nauraient pas été
associés au processus de sélection de lopérateur,
alors quelles souhaitent que leurs avis soient pris en considération.
Ce rôle consultatif auquel elles restent confinées pour des
questions aussi importantes est insatisfaisant pour elles.
Certains partenaires
au développement ont tendance à imposer leurs vues de façon
indirecte et non visible, ce qui leur donne un rôle prépondérant
(par exemple lUnion Européenne pour le dispositif de mise
en uvre du plan daction OPA, selon lappréciation
du CCOF). Cela sexplique en partie par le fait que la partie nassume
pas véritablement sa part de responsabilité dans le leadership
de la coordination de laide.
Sur un plan proprement
pédagogique, les acteurs qui ne sont pas alphabétisés
en français éprouvent de réelles difficultés
à simpliquer dans les concertations à cause de linexistence
de dispositifs permettant dassurer leur mise à niveau (traduction
des documents de base dans les langues nationales) et de définir
un canevas de travail qui leur convienne. Les acteurs de la société
civile ne sont pas toujours en mesure de participer pleinement aux débats.
Ils ont besoin de médiateurs qui les aident à comprendre
de manière approfondie les termes des débats. Cela est indispensable
pour leur permettre dexprimer leurs préoccupations et propositions.
Tout laisse penser
que si les acteurs ne simpliquent pas avec enthousiasme dans les
exercices de planification, cest parce quils sont sollicités
a posteriori, lorsque les processus sont déjà conçus
et leurs modalités de conduite définies. Pour ce qui concerne
de façon plus spécifique les acteurs de la société
civile, ils ont le sentiment que leur implication dans les processus sert
simplement de faire valoir et de source de légitimité aux
institutions étatiques dans la mesure où rien ne permet
de garantir que leurs points de vue seront réellement pris en compte.
Mais, le constat de
la faible implication des organisations de la société civile
dans les processus de planification renvoie également au fonctionnement
interne de ces organisations qui ne permet pas toujours de garantir une
préparation satisfaisante des réunions et un choix judicieux
des représentants au sein des différents cadres de concertation.
En effet, on constate que ces organisations sont, la plupart du temps,
portées par un noyau de responsables qui prennent seuls toutes
les initiatives et les décisions sans consultation préalable
avec la base. Cet état de fait pose plusieurs problèmes
ayant trait au fonctionnement interne de ces organisations, à la
légitimité de leurs responsables ainsi quà
la diffusion des informations.
Les partenaires au
développement affichent une motivation à appuyer la quasi-totalité
des processus de planification. Toutefois, leur intervention pose de multiples
problèmes. Désireux de respecter leurs propres échéances,
les partenaires au développement ont imprimé aux processus
de planification des rythmes de progression qui sont souvent préjudiciables
à la qualité du travail effectué (collecte de données
préalables, évaluation des actions en cours, concertation
entre les acteurs, etc.). Le présent exercice néchappe
pas à cette exigence
Plutôt que de
raisonner le rythme de progression des exercices sur la base de leur agenda
propre, les acteurs nationaux ont cherché à répondre
aux sollicitations des partenaires au développement, notamment
en termes de calendrier ; le respect des échéances
constituant un critère dévaluation des processus et
une condition pour lobtention des tranches de financement.
Sur un autre plan,
on constate que les efforts financiers consentis par les partenaires au
développement pour soutenir les processus de concertation ne permettent
pas toujours de faire face aux exigences. Cette pénurie de ressources
financières tend à annihiler les efforts entrepris par les
différents segments de la société civile en vue de
développer des mécanismes internes de concertation.
Intégration
des institutions et des initiatives
La problématique
de lintégration des institutions et des initiatives doit
être abordée dune part sous langle du pilotage
des processus et, dautre part du point de vue de larticulation
entre les différents cadres de planification.
Au premier niveau
qui est celui des mécanismes de pilotage, deux axes majeurs se
dessinent : i) le recours à la DEP ou à une Direction
technique et ii) loption de mise en place dune structure spécialisée
(secrétariat technique de coordination, secrétariat permanent
ou comité national).
Lexpérience
révèle que limplication des DEP dans les processus
de planification ne garantit pas toujours une cohérence horizontale
suffisante. La préparation de la politique nationale de population
en fournit une illustration éloquente. Limplication des DEP
de différents Ministères techniques dans ce processus na
pas réellement contribué à améliorer les stratégies
sectorielles dans le sens souhaité.
Dans le cas de la
politique de décentralisation, on constate que la CND participe
à différents comités de pilotage, ainsi quà
la formulation de politiques. Cette situation lui permet de faire connaître
les orientations et les principes retenus dans le cadre de la décentralisation.
Mais, dans la mesure où il nexiste aucun dispositif spécifique
pour la prise en compte de ces orientations dans les projets et programmes
dintervention, les démarches dappui comportent encore
de nombreuses limites.
Pour ce qui concerne
le processus délaboration du PAN/LCD, les orientations dégagées
sont insuffisamment prises en compte par dautres départements
ministériels impliqués dans la gestion des ressources naturelles.
Au sein même du Ministère chargé de lenvironnement
et de leau, on constate que la préparation du PAN/LCD ne
sest pas effectuée en synergie suffisante avec les deux autres
conventions relatives à la diversité biologique et au changement
climatique ; et cela malgré le fait que le SP/CONAGESE soit
le point focal de ces trois conventions.
Sagissant du
cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, il a été
élaboré à un moment où la plupart des autres
politiques sectorielles existaient déjà. Le CSLP a incorporé
les orientations, les objectifs et les réformes envisagées
dans certains secteurs (éducation de base et santé essentiellement)
en y ajoutant de nouveaux indicateurs. Dans sa formulation actuelle, le
CSLP ne constitue pas un cadre de référence pour lensemble
des secteurs qui la méconnaissent pour la plupart. Si référence
est faite par exemple à lenvironnement, on nexplicite
pas les modalités de prise en compte de ces questions dans les
autres politiques sectorielles, les liens entre lenvironnement et
la pauvreté ne sont pas explicités, ni les indicateurs spécifiques
qui en découlent.
Par ailleurs, il ny
a pas eu dinnovations majeures pour ce qui concerne les indicateurs
définis, même pour ces secteurs. De plus, le CSLP na
pas induit une modification des orientations des diverses politiques sectorielles.
Il y a une tendance des partenaires au développement à plaquer
des schémas prédéterminés, sans effectuer
leffort de les internaliser en faisant le bilan de lexistant
et en examinant la mesure dans laquelle des formes de synergie pouvaient
être trouvées (depuis lélaboration jusquà
la mise en uvre). Cest le cas du CSLP, mais aussi du PAN/LCD.
Les comités
de pilotage et organes techniques dexécution se sont heurtés
à des contraintes repérables aux niveaux suivants :
-
la faible qualité
de la participation des institutions publiques dont les représentants
ne sont pas toujours les mieux indiqués pour simpliquer
dans les processus. Dans les rares cas où linstitution
procède à un choix judicieux de son représentant,
elle naccorde pas une attention suffisante à la préparation
des réunions et à lexamen des résultats
issus des travaux auxquels son mandataire a pris part ;
-
la faiblesse ou
labsence dune autorité conférée pour
assurer le suivi et veiller à la prise en compte des orientations
et des stratégies retenues. On est là en présence
de lune des limites essentielles des dispositifs mis en place
pour le pilotage des processus de planification. En effet, ces dispositifs
nont pas lautorité suffisante pour négocier
avec les institutions étatiques et, au besoin, les contraindre
à traduire dans leurs politiques sectorielles les orientations
et les stratégies définies par les cadres de planification ;
-
linsuffisance
de la communication au sein des DEP : les personnes mandatées
détiennent exclusivement linformation ; deux facteurs
expliquent une telle situation : labsence de compte rendu
effectué par la personne mandatée, la non disponibilité
traduisant le relatif désintérêt des responsables
de service sétant faits représentés. En
tout état de cause cest le fonctionnement même
du département qui est en cause. Les DEP se trouvent confrontées
à la faiblesse de leurs ressources humaines et de leurs moyens
dintervention alors quelles lobjet de multiples
sollicitations. Certaines DEP sont plus intéressées
à leurs activités de passation de marchés quà
leur fonction de planification, de suivi et de mise en synergie avec
dautres départements ministériels.
-
labsence
de mémoire effective au sein des institutions publiques. Lorsque
la personne ayant accumulé les informations sur linter
action avec un processus localisé dans un autre département
ministériel sen va, toute la connaissance accumulée
disparaît et la nouvelle personne mandatée part de quasiment
rien. Lorsquil est momentanément indisponible limplication
de tout le département se trouve fortement handicapée
-
la faiblesse des
capacités dintervention des organes techniques chargés
de lopérationnalisation des différents cadres
de planification (secrétariat permanent, secrétariat
exécutif, ...). Ces structures nont pas toujours les
compétences requises et elles ne disposent pas déquipes
pluridisciplinaires pouvant impulser et animer un processus de dialogue,
proposer des procédures de travail susceptibles de renforcer
les synergies et les complémentarités entre les cadres
de planification et les différentes politiques sectorielles.
Il est clair que le mode de constitution des équipes qui animent
les organes techniques et les conditions de rémunération
qui sont proposées ne permettent pas de mobiliser lexpertise
nationale la plus appropriée (en termes de compétences
professionnelles et de niveau dautonomie). Ceux-ci ne sont pas
toujours sélectionnés effectivement sur la base de la
compétence, mais daffinités autres. Cette situation
serait aggravée par le fait quil ny a pas de procédures
fiables de mesure des performances des équipes sur le plan
technique et de la gestion. En outre, des sanctions ne sont pas prises
en fonction des performances et de la qualité de la gestion.
Ceci constitue le facteur essentiel de la mauvaise gouvernance, et
de la faible efficacité dans lopérationnalisation
des politiques à travers des programmes.
En ce qui concerne
le volet décentralisé des exercices de planification, on
constate que certains processus ont développé des cadres
ad hoc, avant de sajuster par la valorisation de cadres préalablement
existants, notamment les CCTP, sans toutefois parvenir à leur insuffler
un réel dynamisme.
De façon générale,
la faible fonctionnalité des mécanismes de pilotage (irrégularité,
qualité de la participation) fait quils nont pas pu
développer une capacité suffisante pour assurer un suivi
efficace des décisions arrêtées et favoriser la coordination
et la mise en cohérence des processus. Ce constat pose avec acuité
la question du cadre de coordination et de lautorité politique
pouvant relayer et veiller à la mise en uvre effective des
orientations dégagées. Pour quils soient réellement
efficaces, de tels cadres devraient regrouper les principaux représentants
des différents segments de la société (institutions
publiques et acteurs non gouvernementaux) et disposer dune autorité
suffisante (en termes de relais) pour superviser les exercices de planification
et créer les conditions dune mise en uvre concertée
des politiques et des plans.
Le Ministère
de lEconomie et des Finances en charge de la coordination de laide
et de la planification du développement ne parvient pas à
assumer de façon satisfaisante les missions qui lui sont confiées.
En effet, ce département ne dispose pas de lautorité
suffisante pour impulser de façon efficace une dynamique de coordination
de laide et de lintervention des autres départements
ministériels. Par ailleurs, même en son sein la coordination
entre les différents services et leur mise en synergie restent
à parfaire.
Les ressources humaines,
en quantité et en qualité font en outre défaut ,
comme cest le cas patent de la Direction de la Coordination de lAide
Publique, logée à la DGCOOP (Ministère de lEconomie
et des Finances).
Dans le domaine de
la coopération avec les partenaires au développement, certains
processus ont cherché à développer un dialogue régulier
avec les partenaires au développement en sappuyant sur les
mécanismes de concertation mis en place par ces derniers. Dautres,
en revanche, ont privilégié les relations bilatérales
avec les partenaires de coopération.
Dune certaine
façon, les partenaires au développement (à quelques
exceptions près) ont eu tendance à développer des
attitudes sectaires. Chacun dentre eux préfère privilégier
les exercices répondant à ses préoccupations, sans
tenir compte des dynamiques en cours sur le terrain ni chercher à
encourager une mise en synergie des cadres de planification et des politiques.
Le PNDSA II (Programme National de Développement des Services Agricoles)
financé par la Banque Mondiale a mis en place dans six provinces
des dispositifs de concertation des organisations de producteurs :
plusieurs responsables de producteurs estiment que ce dispositif est redondant
avec les Unions déjà existantes et qui auraient pu, progressivement
jouer les mêmes rôles que le dispositif créé.
En fin de compte, ils épousent la stratégie suggérée
pour pouvoir capter les fonds mais estiment quil ny a pas
de durabilité pour un tel dispositif.
La priorité
que chaque bailleur de fonds accorde à ses propres options en matière
dobjectifs, de critères dévaluation et de procédures
de financement tend à enfermer les processus de planification dans
une logique de fonctionnement en vase clos.
Ainsi, plusieurs processus
de planification sont pilotés concomitamment par un même
département ministériel, mais de façon totalement
déconnectée les uns des autres. Cest le cas par exemple
du programme daction national de lutte contre la désertification
et du programme dactions en matière de diversité biologique
élaborés sous légide du CONAGESE. On pourrait
également citer lexemple de la politique nationale de population
et du CSLP dont le pilotage est assuré par le Ministère
chargé de léconomie et des finances. Une telle situation
semble arranger également les acteurs nationaux puisquelle
leur permet de mobiliser des ressources financières externes. Ainsi,
chaque processus est perçu comme un nouveau canal potentiel de
mobilisation de laide.
Lévaluation
des systèmes de coopération devrait prendre en compte deux
questions importantes :
-
labsence
ou la difficulté de concertation au sein des partenaires au
développement eux-mêmes. Dans certains secteurs, il existe
des exceptions notables qui méritent dêtre soulignées.
Cest le cas notamment de la concertation autour du processus
de la décentralisation, de lappui au secteur de léducation
et aux plans environnementaux (spécifiquement le PAN/LCD) ;
Processus
Du point de vue de
leur déroulement, les processus de planification sont structurés
en plusieurs étapes et ont fait lobjet de procédures
de validation à différents niveaux : i) une validation
interne au niveau des DEP des départements ministériels,
ii) une validation sociale au cours de séminaires décentralisés
et/ou nationaux et iii) une approbation officielle en Conseil des Ministres.
Dans les cas particuliers du PANE et de la politique nationale de population,
les leçons tirées de leur mise en uvre ont conduit
à envisager la révision de ces cadres de planification.
Dans la quasi-totalité
des cas, les processus de planification ont été largement
dépendants des financements extérieurs. Lappui du
Gouvernement sest réduit, pour lessentiel, à
la mise à disposition dagents et de locaux. Dans les rares
cas où cet appui sest fait sous la forme dune allocation
budgétaire en faveur des structures de pilotage, les montants décaissés
revêtent un caractère symbolique si on les rapporte au volume
des besoins de financement identifiés.
Lappui des partenaires
au développement a revêtu, selon les situations, des formes
différentes. Dans le cas du processus de décentralisation,
ils ont apporté leur concours de manière concertée
et exemplaire dans le cadre de fonds fongibles. Cette démarche
qui est unique en son genre a facilité la mise en uvre dun
véritable programme et évité la lourdeur des procédures
comptables et administratives. En revanche, dans le cadre de la préparation
du PAN/LCD, les modalités de financement ont souffert principalement
de labsence de flexibilité des partenaires financiers dans
lélaboration des budgets ainsi que de loption de ces
mêmes partenaires à financer les actions au cas par cas.
Il convient de souligner
que les partenaires au développement se sont toujours refusés
à contribuer à la prise en charge même partielle dune
expertise nationale pour une durée déterminée. De
même, ils sont peu enclins à dégager des ressources
permettant de mobiliser lexpertise appropriée au niveau national.
Les rémunérations des experts locaux, très largement
inférieures à celles des expatriés, sont standardisées,
cest-à-dire fixées de manière administrative,
sans tenir compte de la situation réelle du marché ;
ce qui ne permet pas de recruter les meilleurs experts nationaux. Les
pouvoirs publics burkinabé y ont une part de responsabilité.
La mise en uvre des activités prévues dans le document
cadre de valorisation de lexpertise nationale tarde à voir
le jour, ainsi que la mise en place du dispositif de suivi évaluation.
dans la mesure où ils nont pas défini de lignes directrices
pour lutilisation de lexpertise nationale.
Le fait que les processus
de planification soient tributaires des appuis extérieurs comporte
des risques de blocage des actions engagées comme en atteste lexpérience
de la politique nationale de population. Dans ce cas de figure, les projets
dappui au SP/CONAPO arrivent à échéance en
décembre 2000. Cette situation fait obligation aux pouvoirs publics
daccroître les montants budgétaires pour assurer un
fonctionnement effectif des cellules techniques.
Le rôle prépondérant
de certains partenaires au développement conduit à la prédominance
de leur vision sur les options à prendre en matière de stratégie,
sur les modalités de mise en uvre (y compris quelquefois
la sélection des opérateurs).
A lavenir, lagenda
des processus de planification devra être mieux maîtrisé
par les acteurs nationaux. Autrement dit, les échéances
ne devront plus être fixées sur la base des sollicitations
des partenaires au développement, mais plutôt en tenant compte
des priorités définies par les acteurs nationaux. Cette
amélioration de la maîtrise des processus suppose ladoption
de rythmes de progression adaptés aux capacités internes
des institutions et des acteurs impliqués dans les exercices de
planification.
Un défi important
qui se pose aux différents cadres de planification concerne leur
opérationnalisation. Les programmes et projets qui les constituent
sont exécutés par des opérateurs sélectionnés
(procédures de passation des marchés) sur une base peu crédible
aux yeux de la majorité des acteurs de la société
civile. Ils souhaitent en ce sens des mécanismes plus transparents
que ceux existants.
Il nexiste pas
toujours des indicateurs fiables permettant dévaluer la qualité
du processus, ainsi que les impacts qui en découlent. Le PAN/LCD,
avec lappui de lOSS a fait un effort important pour mettre
en place un dispositif de suivi/évaluation.
En règle générale,
les acteurs en charge du suivi/évaluation ne disposent pas toujours
de la marge dautonomie nécessaire pour apprécier objectivement
les impacts des processus. Les dispositifs internes aux départements
ministériels (DEP) nassument pas cette fonction du fait du
faible intérêt qui y est accordé. Les agents sont
intéressés aux procédures de passation des marchés
et à leur implication personnelle dans des missions de consultation.
Dautres facteurs liés aux moyens logistiques sont à
considérer.
Cet état de
fait est à lorigine des divergences constatées entre
les appréciations portées sur les processus par les responsables
gouvernementaux et les partenaires au développement dune
part et, dautre part les points de vue des bénéficiaires.
Lexemple du PAS en fournit une illustration éloquente.
Les partenaires au
développement ne sont pas toujours enclins à permettre des
évaluations véritablement autonomes pouvant remettre en
cause les programmes et plans initiés par eux. Les consultants
engagés sont le plus souvent des membres des bureaux centraux (sièges)
ou des experts étroitement liés à certaines institutions
prises individuellement et qui sont désireux de voir reconduire
leurs contrats. Quel que soit le cas de figure considéré,
on constate que les consultants évitent de critiquer de façon
objective les présupposés des cadres et de mettre en exergue
les responsabilités qui incombent aux partenaires au développement.
Les acteurs de la
société civile insistent sur lautonomie des travaux
dévaluation, leur examen par eux, parce quils sont
les mieux à même dapprécier la mesure dans laquelle
les programmes exécutés ont effectivement pris en compte
leurs préoccupations. Ils estiment que les évaluations,
la plupart du temps positives, tranchent avec leurs propres appréciations.
Les acteurs de la
société civile (en particulier les syndicats et les organisations
de défense des droits humains) estiment que les partenaires au
développement assument une lourde responsabilité dans la
mesure où ils ne cherchent pas à sassurer que les
principes ou conditionnalités queux-mêmes prônent
sont effectivement appliqués. Les acteurs de la société
civile relèvent ainsi que le CSLP a été avalisé
par les Institutions de Bretton Woods alors queux nont pas
été véritablement impliqués, et quils
en méconnaissent même le contenu et les modalités
de mise en uvre.
Il y a une suspicion
sérieuse de certains groupes dacteurs de la société
civile sur la complicité quil y aurait entre certains représentants
de partenaires au développement (agents de terrain comme du siège)
et les responsables des services étatiques, dans la gestion de
certains programmes.
Impacts
Limpact des
processus de planification est difficile à cerner pour trois raisons,
au moins :
Ceci étant,
les processus reliés au PAS ont induit des effets diversement appréciés
par les acteurs (désengagement de lEtat, réformes
économiques, etc.). Dautres processus (recherche scientifique,
décentralisation, PAN/LCD...) sont perçus comme porteurs
déléments de progrès dans le sens notamment
du renforcement de la maîtrise douvrage locale et de létablissement
dun cadre stratégique de référence pour toutes
les interventions.
Comme indiqué
précédemment, il y a un décalage entre les appréciations
positives des partenaires au développement et du gouvernement et
les points de vue des bénéficiaires attestés par
les données sur lévolution des indicateurs de pauvreté.
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